TAMBOURS VOILÉS...
",Carole, la nuit, presque toutes les nuits, je te regarde dormir, ton souffle régulier, ta belle poitrine qui se soulève calmement, et dans ma tête, je tombe, tombe, sombre, la terre s'approche de moi à une vitesse folle, je pense à toi, toujours, dans ces moments-là, à mes enfants, mais à toi surtout, à ton corps, tes jolis petits seins, ta bouche gourmande, tes rires dans notre lit, le nez dans le tas de feuilles mortes, je gis, éparpillé, la gueule en sang, tuméfiée, j'attends qu'ils viennent me prendre, me soulever, me faire glisser sur leur brancard, et m'enfourner dans leur bleubleu, je me laisse faire, toucher, une jeune femme retrousse ma manche, et enfonce délicatement une petite aiguille très fine dans ma veine,je m'endors, je m'aperçois soudain que tu es là, allongée près de moi, je veux t'appeler, mais aucun son ne sort de ma gorge, on dirait que tu me parles toi aussi, que tu me cries des mots, des mots d'amour, ou de détresse, de détresse plutôt, mais je ne peux rien pour toi,, je ne peux pas t'atteindre, je sais que tu es là, et je ne peux pas prendre ta main, effleurer ta joue, tes lèvres, il m'emmènent, ils nous emmènent, j'ai fini de tomber dans le, vide, je me sens apaisé, sans colère aucune,"
c/Solamens/Tambours voilés/Roman en écriture/p.75
