Barbare la nuit…
Barbare la nuit
Sauvages décombres
Les chars ont jailli
Déchirant les ombres
L’enfant hurlant tout nu le corps désenchanté
A la main une pierre et le cœur débraillé
A craché sa colère et son rêve battant
De voir un jour la Paix régner sur Canaan
Dans les rues du village un chien jaune divague
La tristesse des yeux a terni l’or des bagues
Le hommes jurent Dieu qu’ils se battront debout
Une petite fille a pleuré à genoux
Barbare la nuit…
Dans ce désert d ‘orange et d’ocre désespoir
Le moindre mot d’amour se parle dans le noir
A la fontaine-perle on chuchote le jour
Les femmes d’ombre grise s’activent près du four
Les nouvelles se disent lancinantes de soie
D’un frère disparu on ne sait de quel mois
Le silence assoupi sur les maisons d’argile
Pèse de son poids mort sur les murs de la ville
Les chars chenilles-mort gémissent sur la place
Les soldats ont montré leurs visages de glace
Les gueules des canons ont vomi leur venin
Une femme a brisé son rêve de jasmin
Dans l’aube écartelée un cri sourd comme lame
Lacère le velours de la nuit qui se damne
Le chien jaune a jappé à la lune-verveine
L’enfant nu a hurlé son dégoût et sa haine
Solamens/Seferian